Royan le 16/06/2014
Départ de port Joinville vendredi 13…Si j’étais superstitieux, je serais parti
un autre jour, mais je suis plutôt rationnel et à l’échelle du temps, notre
calendrier n’a pas beaucoup d’importance. Je prends ouest sud-ouest pour
m’éloigner du golfe de Gascogne puis je ferais du sud pour l’Espagne.
La mer est belle, il fait beau, il y a du vent, mais pas
trop et je fais route à 4 nœuds toute voile dehors.
À 20 h le vent forci et je réduis pour être tranquille
cette nuit. Un ris dans la grand-voile et le génois enroulé en trinquette.
C’est le régulateur d’allure qui barre depuis que j’ai réussi à le régler cette
après-midi. Au cours de la soirée, la
mer s’agite de plus en plus. J’ai un bon force 5/6 des creux de 2 mètres, les
vagues qui brise et il y a un problème.
La dérive bouge à chaque mouvement de roulis ou de tangage
et ça cogne. La lune est pleine, c’est
beau, on dirait un éclairage de cinéma, mais le temps n’est pas à la rêverie,
la mer devient de plus en plus grosse et j’ai de plus en plus de mal à rester
debout, je me cogne partout.
Les voiles sont réglées le Navik barre, le voilier n’a pas
besoin de moi. Je me couche.
La nuit a été pénible, le vent a tourné et j’ai fait de
l’ouest à la place du sud-ouest. La
dérive cogne toujours, la mer et le vent ne faiblissent pas. En 20 h, j’ai parcouru
90 milles, c’est plutôt pas mal dans ces conditions.
Je ne peux pas continuer comme ça, la dérive cogne trop fort.
Quoi faire ? Je prends la décision de faire route vers le continent.
Je suis au près et c’est pire. Pour le moment, le régulateur
d’allure arrive à tenir le bateau, mais il donne beaucoup de barre et sa pale
travaille à fond. Je suis barbouillé,
mais ça va encore, je sens venir le mal de mer, je mange pendant qu’il en est
encore temps. Je n’ai pas le courage de reprendre un deuxième ris même si le voilier
irait mieux avec un peu moins de gite.
Deuxième nuit, 3 h du matin, le bateau part au lof. Le
régulateur d’allure a décroché et n’arrive plus à tenir le voilier. Je prends
la barre jusqu’au petit jour. J’en ai plein les bras il est dure à tenir et je
comprends que le régulateur ai atteint ses limites. Je suis attaché aux
taquets, les pieds calés dans le cockpit et je prends des paquets de mer froide.
Au petit jour, j’essaye de mettre le pilote électrique qui
ne veut rien savoir. Dans ces conditions, ça parait normal. Le régulateur non
plus ne tient pas le bateau et part au
lof. Il faut que j’abatte un peu. C’est plus confortable et le régulateur
arrive enfin à barrer. Ouf.
Il n’est plus question de rejoindre La Rochelle ou Oléron,
je vise Royan.
Dimanche 10 h, le vent faibli enfin et la mer ce calme.Çà
devient agréable, mais il faut être raisonnable. Vers 13H je prends la cardinal
sud du chenal qui mène à l’estuaire de la gironde. J’ai le vent en plein dans
le pif et il y a un fort courant, j’essaye de mettre le moteur en marche. Ça a
tellement secoué qu’il a dû se désamorcer. Au bout de 5 minutes après 4 essais,
il démarre enfin. Avoir une batterie neuve de 140 ampères, ça sert et c’est
rassurant. Le panneau solaire et l’éolienne ont parfaitement fonctionné les
batteries de servitude n’ont jamais faibli. Tous les voyants du tableau moteur fonctionnent
aussi. À 1800 tours je n’avance qu’à 2,2 nœuds, un peut plus tard, je serais à
5,5 nœuds avec le même régime. Je suis content d’avoir un moteur puissant et
une hélice tripale pour faire face à un fort courant et un vent de face.
Il est 17 h 30 quand j’arrive au ponton visiteur. La
capitainerie est fermée et il n’y a personne sur le ponton. Je me suis bien présenté,
mais j’ai par mégarde laissé un peu de moteur avant ; le bateau frotte le
long du quai les défenses roulent, finissent par sauter et le bateau avance. Je
saisis l’amarre arrière et le stop sans trop de difficulté. J’ai fait une belle
rayure sur le côté bâbord. Tant pis.
La prise de quai était pleine de flotte et a fait disjoncter
le pack électrique du ponton. Je n’ai pas le code des douches, pas d’eau au
ponton… On verra ça demain. Je pars faire un petit tour en ville, boire une
bière et manger une pizza puis dodo, je suis crevé.
C’est cool d’être au port et d’être toujours en vie et à
flot (j’exagère un petit peu, c’est ça les grands navigateurs). Après les
formalités à la capitainerie, J’ai du temps pour réfléchir à la suite de l’aventure.
Il faut que je trouve un port avec un
chantier (La Rochelle par exemple) pour faire réparer le jeu de la dérive, que je sorte le bateau de l’eau, j'en profiterais pour faire un carénage.
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Bye Bye L’Ile d'Yeux
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La Marie salope du port au travail. Anicca est bloqué.
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